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samedi 9 février 2013

ILS ONT TUE CHOKRI


Chokri Belaïd, figure emblématique de l’opposition tunisienne, vient d’être assassiné, un certain 6 février 2013, au sortir de son domicile par plusieurs balles à la tête.
Pour beaucoup de ses concitoyens  la Tunisie perd un de ses valeureux fils, mais se découvre un nouveau martyr de la démocratie. Avocat brillant il avait étudié le droit, d’abord en Irak puis en France où il poursuivit un troisième cycle à l’université Paris VIIl.

Déjà victime de la répression sous Bourguiba, Chokri intensifie son engagement pour bouter Ben Ali lors de la révolution de Jasmin. Le tyran déboulonné, on voit l’avocat devenir  membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique créée en mars 2011 et présidée par Yadh Achour.
Il dirige en mars 2011 le mouvement des patriotes démocrates, issu de la fusion avec le Parti du travail patriotique et démocratique. Les islamistes le craignent eu égard à sa détermination et à ses convictions.

Chokri dénonce la violence et croit à l’instauration durable d’une démocratie en Tunisie.
À la veille de son assassinat, Belaïd lance un appel pour une conférence contre la violence. Il ne sait pas qu’il en sera la première victime. Sa veuve, Besma, témoignage de cette menace permanente qui rodait autour de son mari.

Cet assassinat de Chokri Belaïd est un acte criminel qui enfonce la Tunisie dans une spirale de violence et semble voler la révolution à ceux qui y croyaient. Le peuple se révolte contre Ennahda, le parti au pouvoir, l’accusant au pire d’être le commanditaire de l’assassinat et au mieux de n’avoir pas sur le protéger !

Le peuple réclame de nouvelles élections mais Ennahda a été élu démocratiquement !
 
En réalité la Tunisie est en proie à ces différents séismes sociaux qui font le lit d’une révolution. La marche vers la démocratie est d’autant plus difficile que le pays s’enfonce dans le marasme économique et que le pouvoir en place a du mal à se débarrasser de son formatage salafiste pour ouvrir une fenêtre vers la laïcité !


Long chemin hérissé de ses péripéties
Elle claudique au soleil votre démocratie
Dans la chaleur funèbre d’un soleil tunisien
Aux rayons démembrés sous la hargne des chiens.

 
Vous suivez ravagés, abrutis de colère
La dépouille sacrée de Chokri, votre père
Comme des enfants perdus dans une ire pérenne
Vous marchez d’un  pas lourd dans son bourbier de haine

 
Ils ont tué Chokri ; qui bientôt partira
Sous les salves létales d’un fantôme assassin ?
Nul n’a revendiqué l’agonie du jasmin
La vierge effarouchée chante au cœur d’Ennahda.

 
Long chemin de calvaire de l’après Ben Ali
Elle suffoque au soleil votre démocratie
Dans le vide imposant d’un futur sans dessein
Dans le chômage lent qui serpente en vos reins.

 
Ils ont tué Chokri ; dans les yeux de Besma
Coule en digne ruisseau le chagrin d’être là
Dans ce pays promis à de douces clartés
Et qui perd ses combats contre l’obscurité.

 
Avenue Bouguiba, les rideaux sont baissés
Une sourde colère sous les stores tamisée
Une trêve ténue entre deux irruptions
De colères viscérales nappées d’indignation.

 
L’islamisme au pouvoir se revêt d’infamie
On lui prête mensonge et moult impérities
Ses arcanes ont volé cette révolution
Qui sublimait vos âmes au-delà des passions.

 
Ils ont tué Chokri ; mais leur dénégation
Pour s’en laver les mains ne tait  pas l’opinion
Vous brandissez les poings devant les barbelés
Vous n’imaginiez point de sitôt les lever !

 
Un cercueil en écho à la théocratie
Qui à vos yeux rejoue l’ancienne tyrannie
Népotisme béant, cécité salafiste
Habiles corruptions, répression rigoriste.

 
C’est le sang d’un martyr sur ce sol envahi
De broussailles obscures fermées aux compromis
Des scories de Coran par les vents emportés
Brouillent encore les épures d’une  laïcité.

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